Buttes autofertiles

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L’automne est la saison idéale pour préparer les buttes auto-fertiles afin qu’elles aient le temps de composter tout l’hiver et être prêtes à recevoir les semences du printemps.

Qu’est-ce qu’une butte auto-fertile ?
C’est tout simplement un lopin de terre dédié au potager, que l’on enrichie à l’aide de déchets végétaux pour permettre à la vie du sol de se développer et ainsi de créer un microcosme naturel d’une grande richesse nutritive et quasiment autonome en eau.
L’intérêt principal de ce type de buttes étant de cultiver son potager sans labour et sans utiliser d’engrais industriels ou autres produits phytosanitaires  (insecticides, fongicides…) qui sont polluants et couteux.

À l’origine la réalisation de buttes se justifiait dans les zones humides où il fallait assécher le sol en le surélevant. En climat sec, au contraire, il est préférable de préparer une butte en dessous du niveau du sol, pour conserver un maximum d’humidité.  Personnellement  j’ai recours aux buttes pour apporter de l’humus et des nutriments à mon sol argileux très pauvre.

« La permaculture n’est pas une recette car elle dépend du milieu écologique qui est singulier. » Claude Bourguignon

Première étape :

Délimiter un espace sur lequel vous ne poserez plus jamais vos pieds ! En effet, en piétinant la terre, on détruit le travail des vers de terre qui aèrent le sol en creusant des galeries et permettent ainsi un bon développement racinaire.
La largeur maximum de la butte doit être de 1,20 m, pour pouvoir y travailler de part et d’autre. La longueur dépend de l’espace dont vous disposez ou que vous souhaitez exploiter.
Je crée une bordure avec des planches en bois, pour contenir tous les apports végétaux que je vais mettre dans cette butte, avec un petit trottoir sur lequel je me déplace.

J’ai testé deux types de butte : la méthode dite « en lasagne », et celle que je qualifierais de butte « au bois ».

La première méthode est plus facile à réaliser car elle nécessite un peu moins de matière végétale, elle est idéale pour les petites surfaces, en climat tempéré avec un sol relativement riche. En revanche, ce type de butte dure moins longtemps et il faudra régulièrement l’alimenter en matière végétale.

La deuxième butte est, selon moi, idéale, car elle reproduit mieux ce qui se passe dans la nature, à savoir la création d’une couche épaisse d’humus de bonne qualité, propice à l’installation d’une microfaune indispensable pour une fertilité autonome du sol. Elle nécessite un peu plus de travail ainsi que de matière végétale, mais elle durera plus longtemps. Elle est idéale dans des contextes de terre ingrate et de climat sec.

Petite anecdote : en 2016, j’ai réalisé les deux types de butte, le potager fut visité au printemps par des sangliers qui se sont fait un festin de vers, et particulièrement dans la butte « au bois » … Au moins, j’avais eu la preuve de leur efficacité ! Après une petite phase de désarroi face au saccage, j’ai préféré considérer que les sangliers m’avaient finalement rendu service en aérant et mélangeant la terre.

Pour réaliser ces buttes, vous aurez besoin de deux types de matière végétale ; tantôt azotée, que l’on nomme   « déchets verts »,   tantôt carbonée ou « déchets bruns ».

Déchets azotés
« verts »
Déchets carbonés​
« bruns »
tonte de gazon
épluchures et trognons de légumes et fruits
fleurs coupées
désherbage
feuilles vertes
fumier
compost
feuilles mortes
sciure et copeaux de bois
paille
plantes sèches
carton et papier brutes
La butte « en lasagne »

Le principe est simple, il suffit d’alterner des couches végétales vertes et brunes.
En gros, on va simplement mettre directement à l’endroit des futures plantations un compost frais qui va attirer toute une micro et macrofaune du sol qui se fera une joie de décomposer toute cette nourriture.

En premier lieu, après avoir délimité la butte

  • je bêche la terre, pour l’aérer et l’ouvrir (ou casser la croute) afin que les nutriments pénètrent en profondeur et viennent enrichir et modifier la structure du sol. L’idéal est d’utiliser une grelinette (lien https://www.grelinette.eu) pour bécher le sol sans retourner les mottes. Les herbes déjà présentes ne nécessitent pas d’être évacuées, au contraire, il vaut mieux les mélanger à la terre.
    Si votre terre est vraiment ingrate, il peut être intéressant d’ajouter des granules d’amendement organique qui apporteront à la terre les bactéries nécessaires.
  • je dépose une couche de carton brute (sans couleurs et sans scotch en plastique) que je déchire sommairement. J’arrose le carton pour bien l’imbiber d’eau et entamer ainsi sa décomposition. Les vers de terre adorent le carton mouillé!
  • je dépose, au mieux du compost ou du fumier, sinon de la tonte de gazon, sur environ 15 cm d’épaisseur
  • je recouvre d’une couche de feuilles mortes ou de paille (15 cm)
  • j’ajoute une couche de  tonte de gazon vert ou de déchets végétaux frais (encore au moins 15 cm)
  • et je termine avec des feuilles mortes, de la paille, voire du broyat de bois (idéal en région venteuse car avec son poids, il maintient les apports en place). Cette dernière couche fait office de « couverture » pour justement protéger la butte des intempéries et maintenir une humidité et une chaleur en son centre.

Le choix des matières végétales est à titre d’exemple car finalement vous utiliserez ce que vous avez à disposition ; il suffit  simplement d’alterner des couches de matières organiques vertes et brunes, en commençant et en terminant par la brune. Le carton peut être intercalé entre les différents apports, mais toujours bien mouillé et jamais en « couverture ».

L’épaisseur est importante car c’est ce qui va rendre la butte efficace. Sachant qu’en se dégradant, la matière va diminuer de moitié, il faut qu’au final vous ayez au minimum  20 cm d’épaisseur d’humus au printemps.

Si  vous vivez comme  moi dans une  région au climat plutôt sec, il faudra arroser la butte, un bon coup au début  pour enclencher la décomposition, et plusieurs fois durant l’hiver s’il ne pleut vraiment pas. Il faut essayer de maintenir une certaine humidité propice à la vie du sol.

Laissez composter tout l’hiver et au printemps, plantez directement dans la butte, sans retourner le sol, ou éventuellement en passant un petit coup de grelinette pour aérer et mélanger le terreau obtenu à la terre.
En principe, la terre sera allégée, granuleuse, d’une teinte plus foncée, avec une bonne odeur d’humus, et pleins de copains vers de terre !

Butte « au bois » :

Lydia et Claude Bourguignon nous enseignent qu’il ne faut jamais enterrer le bois, sous peine d’avoir une acidification du sol, c’est-à-dire un manque d’oxygène et donc une absence de vie. Le bois ne peut se dégrader qu’au contact de l’air grâce aux champignons et à la faune du sol.  C’est très important, c’est pourquoi dans cet exemple de butte, le bois est simplement recouvert d’un mélange de matière azotée avec un peu de terre végétale, pour former un compost directement dessus.

En résumé, on va mettre en place trois couches de même épaisseur :

  gros bois pourri + broyat de bois +  réservoir d’azote (déchets végétaux frais)

Pour réaliser cette butte, il vous faudra du bois qui ne soit ni vert, ni sec, mais plutôt «  pourri », c’est-à-dire tout mou, spongieux, déjà entamé par les champignons.  C’est un peu la contrainte de cette butte. Parfois on en trouve en forêt, ou alors il faut laisser du bois sous la pluie quelques années.
Ce « matelas » de bois va agir comme une éponge, en emmagasinant et stockant l’eau et les nutriments au cœur de la butte. L’avantage c’est que les plantes potagères auront besoin de très peu, voire pas du tout, d’arrosages.

Comme précédemment, en premier lieu :

  • je délimite la butte à l’aide de planches (ou de rondins de bois…)
  • je creuse un peu le sol (sur environ 30 cm de profondeur), car autrement la butte serait trop haute, et elle risquerait de se dessécher au contact de l’air et du soleil en été. Je mets de côté la couche de terre végétale, c’est à dire la terre de surface en générale plus foncée, et j’évacue la terre stérile de profondeur.
  • j’installe le bois pourri au fond de la butte,
  • je comble ensuite les interstices avec du broyat de bois ; la couche de bois doit être presque hermétique pour retenir l’eau. Vous pouvez également mettre des feuilles mortes. Bien arroser.
  • j’ajoute une bonne grosse couche de déchets végétaux verts.
    Personnellement j’utilise du compost qui n’est pas encore mûr, issu d’un mélange de déchets de cuisine (épluchures…) et d’un peu de feuilles mortes et de gazon broyé. Au moins 30 cm d’épaisseur minimum. Je mélange la terre végétale mise de coté avec mon apport de matière verte (à peu prêt 30 % de terre pour 70 % d’apport organique). La terre va apporter les bactéries et la microfaune garantes de la décomposition des déchets et de la création d’humus.
    Ce réservoir d’azote va permettre la décomposition du bois en dessous. L’équilibre entre l’apport carboné et azoté est important, il doit être de 50/50.
  • je termine par une couche de feuille mortes, ou de paille, en guise de couverture. Évitez de terminer avec du broyat de bois car vous en avez déjà suffisamment dans la butte. J’utilise des feuilles mortes car j’en ai beaucoup, et je les leste avec un grillage posé à plat, pour qu’elles ne s’envolent pas.
    Comme pour la butte en « lasagne », en climat sec, il faudra probablement arroser la butte régulièrement.

Au début du printemps, lorsque la butte aura bien composté, vous pourrez planter directement les graines et plants dans cette terre enrichie et prête à l’emploi !

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Par |2020-01-27T14:16:30+01:00octobre 4th, 2019|0 commentaire